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Quand l’herboriste marche sur des œufs

Dernière mise à jour : 15 févr. 2022



« Marcher sur des œufs » : ne pas être rassuré, agir avec précaution… c’est ce qu’un herboriste* fait en France aujourd’hui (sauf s’il est pharmacien ou médecin) !

Alors que chez nos amis francophones (Belgique, Canada, Suisse), les herboristes (sans être ni pharmacien, ni médecin) existent encore ! Quelle chance ! Mais inutile de déménager (j’en suis pourtant une spécialiste !)… En effet, en France, on peut pratiquer l’herboristerie familiale en potassant bien la législation pour rester dans les clous.


Suivez-moi je vous raconte…


Les faits

« Le diplôme d’herboriste a été supprimé par le régime de Vichy (Loi du 11 septembre 1941 relative à l’exercice de la médecine, JO du 20 septembre 1941, page 4023). Seuls les pharmaciens d’officine peuvent donc librement vendre et conseiller des produits faits à base de plantes médicinales. » Source : Marine Valéry, Pharmacienne, Syndicat des Simples.


Et pourtant…

Je suis diplômée de l’École des Plantes de Paris et qualifiée Herboriste, c’est-à-dire que j’ai réussi l’examen de reconnaissance des plantes sèches dans les conditions de l’époque (début XXème siècle) : je devais reconnaître 50 plantes fraîches parmi une liste imposée de 160 et 50 plantes sèches (appelées "drogues") parmi 140 et ce, en deux sessions de 50 minutes chacune ! Ça fait 1 minute par plante pour écrire noms vernaculaire et scientifique, famille et partie utilisée ! On a intérêt à tout connaître sur le bout des doigts !

J’ai donc suivi un cursus Plantes et Santé complet (botanique, anatomie et physiologie humaine, usages des plantes médicinales par système biologique, par famille…) et même obtenu une mention ! Vous imaginez ma fierté ! Faut dire que j’ai bossé dur !

Hélas, en France, ça ne suffit pas ! Je n'existe pas en tant qu'herboriste ! A quand le renouveau du métier ? Et bien figurez-vous que ça se trame... (voir en bas de page).


Mais alors comment faire en France pour respecter la loi « herboriste » ?

Je sélectionne les plantes (et leurs parties) que je vends, dans la liste des 148 plantes libérées par décret du monopole pharmaceutique. Ces plantes sont issues de la fameuse liste A : https://ansm.sante.fr/uploads/2021/03/25/liste-a-des-plantes-medicinales-utilisees-traditionnellement-4.pdf (les plantes libérées sont grisées dans le tableau).

Et puis je n’inscris pas d’allégations thérapeutiques sur mes sachets de tisanes ou sur leur description sauf celles qui me sont autorisées : ce sont celles apparentées à des indications de soin visant à améliorer le confort des personnes qui ont des petits maux du quotidien (https://www.anses.fr/fr/content/les-all%C3%A9gations). Si c’est pas marcher sur des œufs ça ! Mais pas de souci, je joue le jeu…


Pour conclure (temporairement)

Je prends donc soin de suivre les Lois des Hommes... mais je respecte aussi les Lois de la Nature. Je privilégie les plantes qui poussent autour de chez moi ou en France métropolitaine. Et surtout je préserve la ressource, c'est-à-dire que je veille à ne pas abimer l'écosystème quand je prélève mes plantes en pleine Nature.


Voilà donc le problème dans les grandes lignes… j’ai simplifié pour comprendre les principales problématiques de ce beau métier, réalisé toujours, comme mes homologues, avec passion, respects des plantes et de l’espèce humaine !


En attendant quelques compléments futurs, et oui, le sujet est intarissable, vous pouvez aller plus loin en explorant les liens internet que j'ai soigneusement sélectionnés :


* Herboriste : « espèce en voie de disparition » selon Marie-Ange Mulot, dernière herboriste diplômée en France (en 1941 à la faculté de pharmacie de Montpellier). Elle rajoutait « on ne trouvera bientôt plus le nom d’herboriste, que dans le dictionnaire ».


nb. Article qui sera amené à évoluer tout comme la règlementation… dans le bon sens, il faut l'espérer...




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